« Santé mentale des personnes militantes » : différence entre les versions
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===Mise en action du soin communautaire=== | ===Mise en action du soin communautaire=== | ||
==== Balancer ses activités ==== | ==== Balancer ses activités ==== | ||
Faire un portrait du groupe, identifier des aspects d'imbalance et agir sur ceux-ci collectivement en apportant la réflexion au groupe plus large. | |||
Voici un exemple de potentiels facteurs d'imbalance identifiés par [https://transitionnetwork.org/news/editorial-sophy-banks-on-balance-or-burnout/ Transition Network]... | |||
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Version du 23 mai 2023 à 15:23
Cette page a été créée suite à une question reçue par une personne de la communauté du HUB, soit « Comment prendre soin de soi en tant que personnes militantes, quand les ressources et le soutien disponible renforcent les systèmes qu'on souhaite défaire? ».
Santé mentale
Dans la société capitaliste
Dans notre société capitaliste, la santé mentale est présentée comme une affaire individuelle et sur laquelle c’est à nous de travailler ou elle est traitée comme une affaire à médicamenter.
Voici le manifeste du Mouvement Jeunes et santé mentale sur la question.
Nous vivons en interdépendance avec les personnes et les situations qui nous entourent. La santé mentale individuelle est affectée par les oppressions qu’une personne vit, les difficultés dans son entourage, les enjeux sociaux auxquels elles fait face, … C'est un enjeu collectif.
Face à la crise climatique
« Pourquoi aller en psychologie si la personne que je vois ne comprend pas ce que je vis et ne cherche pas elle aussi à démanteler le système en place? »
« J’ai l’impression que d’aller voir une personne thérapeute va juste me fâcher encore plus, je n’ai pas envie de l’éduquer sur les systèmes d’oppression et la gravité de la crise…»
Les multiples crises qui nous entourent exacerbées par la crise climatique éveillent en nous des émotions nourries par ces facteurs.
Discours dominants sur la crise climatique |
Écoblanchiment. Technologies vertes. Croissance verte. Discours de peur. Pas de discours sur les mouvements sociaux ou le changement social. Empreinte carbone et gestes individuels.
Or, c’est précisément le modèle économique capitaliste et la mentalité d’exploitation associée qui sont les ennemis de la Nature. Pas les individus qui sont nés et ont été socialisés dans ce système. Pendant qu'on parle des gestes individuels, les dirigeants d'entreprises peuvent continuer de faire des profits en vendant des objets à «impact réduit» et exploiter le Vivant sans être pointées du doigt. |
Discours dominants sur l'écoanxiété |
Les jeunes sont des «victimes». Il faut les aider. On ne parle pas des personnes et groupes qui nourrissent la crise climatique. On ne parle pas de capitalisme. |
Responsabilisation individuelle du soin |
« Les gens parlent beaucoup de prendre soin de soi, mais cela signifie de faire ce que l'on peut individuellement en dehors de son travail alors que les grandes structures qui reproduisent les inégalités restent fermement en place. » - Janey Starling & Seyi Falodun-Liburd [1] |
Contre-discours
Face à cette réalité et ces discours qui nourrissent la détresse, il importe de nourrir un contre-discours qui centre les causes réelles de la crise climatique et l'action collective nécessaire à une justice climatique. Ces contre-discours parlent notamment de mouvements sociaux, d'organisation populaire et de pouvoir collectif.
- Pour en savoir plus sur les différentes composantes des mouvements sociaux : Écologie des mouvements.
- Des ressources issues de la séance «Introduction à la stratégie - Comment les mouvements sociaux réussissent-ils? » de notre série d'ateliers sur les mouvements décentralisés : Ici
Si vous souhaitez mieux comprendre ou lire sur ce que vous sentez en lien avec la crise climatique, @environmentalist.affirmations a vulgarisé le contenu du livre A Field Guide to Climate Anxiety de Sarah Jaquette Ray et son permier chapitre en traite. Le concept « solastalgie » peut aussi potentiellement permettre de refléter ce que certaines personnes ressentent. Voir aussi notre page sur l'écoanxiété.
En contexte militant
Burn-out
Le burn-out est un épuisement physique ou émotionnel causé par le surmenage ou le stress d'après le Chambers Dictionnary. C'est une réalité vécue dans presque tous les milieux militants. Il peut être issu d'un déséquilibre entre des aspects de notre militantisme, de notre vie. Voir le tableau sur cette page pour des exemples.
Voici des causes de burn-out militant évoquées par Sophy Banks de Transition Network...
Les enjeux sont grands, urgents et très importants |
« dans une société où une partie de la population est à l'origine des problèmes, les personnes qui se sentent responsables de les résoudre peuvent être une petite minorité disposant de peu de ressources. » |
Agir fait davantage de bien que ressentir |
Si on ne prend pas conscience de comment on se sent, c'est possible que nos sentiments...
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Donner plus de valeur aux actions qu'à l'état des gens |
Seulement donner de la valeur à ce qui est « productif ». C'est à la fois capacitiste et dommageable pour la santé mentale des gens. |
Agir selon le «héroisme militant» |
Faire trop et ne pas laisser d'autres personnes faire des tâches importantes, ne pas partager le leadership (voir leadership de groupe). |
Succomber à la pression du temps |
« Que perdons-nous lorsque nous allons trop vite et que nous en faisons trop ? »
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Voir section ci-bas pour des pistes d'action! 💓
Prise en charge collective
Les systèmes d'oppressions créent des grandes épreuves à traverser pour chaque personne. Si on collectivise le soin, on inclut les personnes les plus précaires et on apprend à utiliser « notre plus grand outil dans la construction d'un monde sans violence» [2].
« Prioriser le soin est un refus de s'abandonner soi et les autres autour de nous » [3]. Face à la crise climatique et aux nombreuses crises sociales auxquelles l'on fait face, on peut se soutenir collectivement par le soin communautaire et une culture regénératrice.
Soin communautaire
Le soin communautaire, c'est la responsabilité partagée d'offrir et recevoir du soutien émotionnel, physique et structurel dont nous avons besoin afin de vivre de façon plus aimante et libérée.
Le soin communautaire au sein d'un groupe comprend...
- De l'espace pour arriver en tant que personne humaine avec des défis personnels.
- La culture d'espaces et de relations ancrées dans une grande confiance et compassion mutuelle.
Le soin communautaire n'est pas opposé à la discipline ou la rigueur : on utilise notre énergie d'une meilleure façon afin de ne pas perdre de temps dans une perspective de changement social. « Nos combats sont trop importants pour qu'une personne parmi nous s'épuise. » [4]
Dans une perspective selon laquelle le soin est largement assumé par les femmes dans nos sociétés, si on souhaite développer le soin communautaire dans nos espaces, il faut que ce travail soit fait et organisé de façon explicite afin que la charge mentale de celui-ci ne soit pas assumée que par quelques personnes.
Mise en action du soin communautaire
Balancer ses activités
Faire un portrait du groupe, identifier des aspects d'imbalance et agir sur ceux-ci collectivement en apportant la réflexion au groupe plus large.
Voici un exemple de potentiels facteurs d'imbalance identifiés par Transition Network...
Établir un mécanisme de rétroaction
Ce processus a été inspiré d'un article du Transition Network. Une équipe de travail peut être mandaté de mener ce genre de processus de façon continue. Le rôles liés à la prise en charge du processus doivent être clairs afin que la mise en action des actions répondant aux besoins soient mises en place pour l'ensemble du groupe et que le soin soit réellement réparti. Centrer les besoins des personnes militantes afin de les inclure dans la pratique militante permet de continuer d'agir sur le monde extérieur avec une énergie qui perdure.
1. Espace de réception de rétroaction et des besoins |
Avoir des espaces pour prendre et recevoir le feedback des membres sur les activités du groupes et sur les besoins des gens en lien avec les activités du groupe.
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2. Évaluation de la rétroaction reçue |
Se demander ce que la rétroaction veut dire. Où sont les déséquilibres du groupe? |
3. Prise d'action |
Créer une réponse appropriée afin de prendre soin des gens du groupe ou de la communauté.
Exemples : faire une rencontre aux deux semaines plutôt qu'aux semaines, créer des moments pour les félicitations, faire des activités d'accueil, organiser des activités sociales récurrentes, créer un groupe de soutien et partage, ... |
4. Contrer la résistance |
Face à de nouvelles pratiques, la résistance se manifeste souvent. À cette étape, on cherche à dépasser l'ancienne zone de confort du groupe pour en créer une nouvelle. On peut établir le principe selon lequel un effort collectif doit être fait afin de soutenir les actions mises en place pour répondre aux besoins et à la rétroaction du groupe. Des personnes qui encouragent cette démarche peuvent être nommées afin que la charge ne reviennent pas par défaut aux mêmes personnes qui prennent le plus de charge mentale dans la société.
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5. Évaluer |
Se demander si la ou les actions ont su répondre à la rétroaction ou aux besoins exprimés. |
Culture regénératrice
Autres ressources et soutien externe
Zine : Sustainable Activism & Avoiding Burnout
How collective care can change society | Janey Starling & Seyi Falodun-Liburd | TEDxLondonWomen
Notes du livre A Field Guide to Climate Anxiety de Sarah Jaquette Ray
State Violence & Mental Health - Disruption Network Lab
Fighting for Justice in Mental Health - Disruption Network Lab
Communauté d'entraide d'Éco-motion
Ressources d'Éco-motion (voir en bas de page pour les ressources gratuites)
Témoignages de jeunes relatifs à leur ressenti face à la crise climatique (Le temps de militer)
Tiohtià:ke (colonialement connu comme Montréal)
Soutien en santé mentale pour personnes des communautés BIPOC - Génération Lavande
Ressources d'urgence et d'aide pour personnes des communautés BIPOC - Génération Lavande