À l'approche de grèves étudiantes, plusieurs campus font face à une administration qui menacent les groupes d'envoyer la sécurité ou d'appeler la police en cas de piquetage. Des personnes ayant pratiqué leur droit à la grève sur leurs campus nous ont partagé des expériences qui facilitent l'application des mandats de grève.

Voici les réponses reçues par des personnes de la communauté du HUB.

Il est conseillé de se préparer d'avance.

Faire signer un protocole de grève	« Tout dépend de la relation de l'asso avec l'admin, mais un protocole de grève signé entre les deux parties c'est la meilleure option parce que ça donne les meilleurs relations. Or ça recquiert une ouverture de l'admin et des concessions des assos.»
Préparer une stratégie en cas d'hostilités	« Oui ça s'est vu des admins qui ont refusé le piquetage, dans ce cas là il faut décider de la stratégie dans l'asso, jusq'où on veut aller, ecq on peut envisager d'autres formes de piquetages aka pas un piquetage dur, mais d'autres formes de perturbation des cours (plus facile à faire tenir qu'un piquetage dur qui pourrait être brisé par une injonction par exemple). » Voir les exemples plus bas.

Stratégies possibles en cas d'hostilités

Négocier un protocole de grève

En faisant des concessions importantes, comme exclure certains programmes ou activités du mandat de grève.

Faire du piquetage quand même

« Si on a du monde motivé, on peut y aller quand même pour du piquetage, mais ce n’est pas la meilleure option sachant que les [personnes] s’exposent a des conséquences soit de la part de l’admin soit de la police.»

Lever les cours par soi-même

« Pour moi la meilleure option est de lever les cours d’abord en encourageant les membres du personnel et les étudiants à respecter le mandat de grève. Les personnes professeures sensibles à la cause n’auront pas le droit de ne pas se présenter, mais ils.elles pourront réaménager leurs cours pour éviter de pénalisé les élèves qui respectent le mandat de grève. »

Ça prend des gens.	«Encore là, ça prend du monde, mais l’avantage c’est que la police n’interviendra pas à moins qu’un.une étudiant.e ait une injonction du tribunal. La raison est que vous n'empêchez pas l’accès aux locaux (AKA la propriété de l’institution). Vous assurez le respect du mandat de grève, ce qui est vraiment différent. »
Informer les personnes étudiantes de la levée des cours.	Dans l'envoi d'un courriel suivant le vote d'une grève, expliquer la levée des cours aux personnes étudiantes et les inviter à y participer. Il est facile d'inclure les informations concernant la levée des cours dans un horaire de journée de grève. Cela rend l'implication des personnes dans la levée de cours plus accessible. « 9h20 : Levées de cours, rencontre devant le [LOCAL] »
Aller dans les classes une par une.	Aller de classe en classe pour dire aux personnes étudiantes que le cours est levé, car une grève a été votée. Les associations possèdent une liste des cours (ainsi que leur emplacement) qui peut être utilisée afin de savoir quels cours lever. Faire des équipes pour se diviser la tâche par pavillon et noter les cours levés afin de ne pas en oublier.
En cas de problème...	S'assurer que les personnes qui font la levée des cours ont le courriel de la personne responsable des affaires académiques (un rôle dans l'association étudiante) afin de la contacter en cas de problème avec du personnel professoral lors de la levée des cours.

Contacter des journalistes

« Honnêtement on avait eu une simple expérience de censure à [notre institution en lien avec notre mobilisation] et notre meilleure carte fut de contacter des médias pour dénoncer les pratiques de l'université. »

Réaction de l'administration à une levée des cours par les membres des associations étudiantes

Vous pouvez anticiper (et en informer la communauté étudiante) que l'administration enverra un message suivant un vote de grève.

Voici un modèle de message pouvant être envoyé par une direction.

Des associations facultaires ont adopté des votes de grève pour [détails]. La Direction de l’[institution] tient à vous rappeler les consignes suivantes : L’Université demeurera ouverte et poursuivra ses activités[...]. La Direction prendra les mesures appropriées pour favoriser l’accès aux pavillons. Le personnel enseignant doit donner ses cours selon les modalités et l’horaire prévus, si les conditions pédagogiques normales sont réunies. Le personnel de soutien, incluant celui qui est étudiant, doit également être au travail, selon les modalités et l’horaire prévus. Advenant que des membres des associations étudiantes manifestent ou boycottent des cours, le respect des droits des autres membres de la communauté doit être observé et toute situation conflictuelle évitée, en conformité avec la Charte des droits et des responsabilités des étudiantes et des étudiants de l’[institution].

Quelques remarques

La direction va probablement dire que tout va se dérouler comme prévu, bien qu'une grève ait été votée.
Le personnel enseignant va être tenu de se présenter à son cours. Si personne ne vient lever le cours et que les personnes étudiantes sont présentes, « les conditions pédagogiques normales sont réunies ». Or si personne ne vient au cours OU que le cours est levé, les conditions pédagogiques normales ne sont PAS réunies.
Certaines personnes au sein du corps professoral vont inviter le corps étudiant à respecter le mandat de grève tandis que d'autres vont leur faire peur en cas de respect du mandat de grève. C'est pourquoi la levée des cours permet de s'assurer du plus grand respect du mandat.