Apprentissages du mouvement Ekoni Aci

De Le Hub
Aller à la navigation Aller à la recherche

Ekoni Aci, signifiant « c'est assez », est un mouvement pour la protection du territoire en faveur d'un moratoire sur les coupes forestières.


Il rassembles des personnes défenseuses du territoire s'opposant notamment aux activités de la scierie St-Michel et Rémabec, la plus grande entreprise forestière au Québec. Le mouvement utilise les tactiques suivantes :  la sensibilisation communautaire et les blocus forestiers.



Contexte

Voici 3 vidéos de présentation des Gardiens du territoire Nehirowisiw Aski concernant leur lutte face à l'exploitation forestière sur leur territoire.

Partie 1 (8 min 28 sec)
Partie 2 (8 min 26 sec)

Partie 3 ( 11 min 59 sec)

Origine

Ce mouvement est né d'un désir de membres de la nation Nehirowisiw* de protéger le territoire, la culture et enfin la langue.

Survie

« C'est une question de survie. On a regardé nos petits-enfants [...] et notre territoire pis on a vu qu'il était tellement maganné... »

Générations futures
« Il [Robert Echaquan] a essayé d'emmener ses petits enfants dans le bois et il s'est fait dire "C'est ça le bois? Un terrain buché?" [...] Les jeunes lui on dit "nous autres c'est quoi qui va nous rester?" » [1]


Nehirowisiw* est le nom traditionnel de la nation communément appelée «Atikamekw» par les allochtones.

Portrait de lutte

Contexte territorial

Les coupes forestières s'inscrivent sur un territoire qui a été historiquement fragmenté par le gouvernement. Le Ministère* fragmente les territoires familiaux, nourrissant les tensions familiales depuis plusieurs années.

Pratiques forestières courantes

« Sur le Nitaskinan (territoire atikamekw non-cédé), ce sont des kilomètres et des kilomètres de nouveaux chemins forestiers qui sont créés chaque année par les grandes compagnies forestières qui exploitent la ressource. Lors d'une semaine typique, les machines sont actives 24h sur 24, de 3AM le lundi à 12PM le vendredi. Durant son quart de travail de 10 heures, une abatteuse peut abattre trois hectares de forêt.  »   [2]


  • Encadrement réglementaire (insuffisant) non-respecté

« Des règlementations gouvernementales encadrent les activités forestières, mais les chefs héréditaires affirment qu'elles ne sont pas respectées et pas assez strictes. » [3]


Les coupes se font trop proche des cours d'eau. Elles ne respectent pas tout le temps la bande réglementaire. Même la bande réglementaire est insuffisante.


  • Exploitation bâclée (au niveau des troncs, résidus et souches)

« L'exploitation actuelle n'est pas propre, elle est un désastre pour le territoire, la végétation et les animaux qui y vivent, notamment parce que les troncs non utilisés, les résidus de coupe et les souches ne sont pas ramassés. »   [4]


  • Non-respect des ententes avec les communautés locales

Impact sur les communautés

  • Disparition des animaux

« Tranquillement les animaux disparaissent, la terre ne repousse pas de la même façon. Les rouillèrent de terre retournée par les anciens forestiers qu’ils laissaient autrefois ne sont plus là et la végétation n’est plus ce qu’elle est, elle pousse à peine, parce que le type d’arbres " plantés " sont des arbres modifiés biologiquement pour qu’ils poussent rapidement en " cure-dents ". » - Une gardienne du territoire


  • Disparition de la flore

«Les feuillus disparaissent, de plus en plus rares. Il est rare d’en voir maintenant dans la région, le bouleau pour nos raquettes et nos tikinakan, l’écorce pour nos canots et nos paniers, l’érable pour nos sirops, le sapin pour notre sapinage de tente, nos plantes naturelles pour la médecine et les petits fruits traditionnels pour notre garde-manger et notre économie, tous ces beaux éléments que Mère Terre nous offre se font de plus en plus rares.» - Une gardienne du territoire

Tactiques

Le mouvement a commencé par une sensibilisation terrain de la communauté locale sur le désir d'avoir un moratoire sur la coupe. Puis, les personnes mobilisées ont procédé à la fermeture du chemin emprunté par les camions. Le blocage a tenu 45 minutes. Les personnes se sont faites chicaner. Six mois plus tard, on ne parlait plus du moratoire...Alors qu'un terrain qui ne devait pas être coupé l'a été. Un blocus plus officiel a alors été érigé. [5]

Stratégies gouvernementales

  • Ententes à la pièce

Le gouvernement fait des ententes à la pièce avec différentes familles (et membres de familles). Cela divise les communautés et crée de la confusion. Certaines ententes sont plus précises, tandis que d'autres ne sont même pas respectées. Ces ententes sont appelées des «ententes d'harmonisation ».

Bref, « toutes sortes de stratagèmes sont utilisés pour acheter le silence » des communautés autochtones [6] .


  • Ententes à la place des personnes concernées

Le gouvernement signe des ententes au nom de personnes afin d'octroyer les permis de coupe aux entreprises forestières.

Stratégie des compagnies


  • Trouver des détours pour contourner les blocus et continuer l'exploitation forestière

Réflexions

Unité et solidarité

Une unité entre familles est possible. La présentation du moratoire à la communauté et la tentative de l'appliquer mènent à la mobilisation de plus de personnes. Au début, c'était juste une famille, maintenant c'est un mouvement.


Une solidarité entre nations est possible. Différentes communautés vivent les mêmes enjeux (de déforestation et non-respect des ententes).


Les personnes villégiatrices (par exemple, celles qui chassent) pourraient entrer en solidarité avec le mouvement. Elles ont aussi intérêt à protéger le territoire.

Barrières

Le mouvement fait face à plusieurs barrières : des familles, les Conseils de Bande, le CNA et les instances gouvernementales.

Sur la tactique du blocage

« Les blocus forestier, c'est une des seules armes qu'on a présentement pour faire valoir les revendications territoriales. »

« Si on accepte de lever les blocus, on enlève la pression, pis c'est là qu'on donne toute la marge de manoeuvre aux gouvernements, au Ministère et aux compagnies ».

Au niveau du mental, devoir toujours répéter le même discours aux personnes qui passent devient fatiguant.

Sur les ressources

Les luttes de défense du territoire nécessitent le soutien de scientifiques, d'écologistes et d'avocats pour « prouver » leurs points.

Sur le soutien allochtone

Quand les compagnies voient des allochtones, elle se disent « ah faut faire attention ». En conséquence, « les compagnies reculent d'un pas ».

Besoins actuels

Sources et ressources

Page Facebook - Association des gardiens du territoire Nehirowisiw Aski

Mouvement Ekoni Aci : Protection du Nitaskinan - Podcast de l'Écothèque

Articles de L'Étoile du Nord

Comité solidarité allochtones-autochtones de la CEVES Tiohtià:ke

  1. https://open.spotify.com/episode/5MbvwyNwpgh9x18svrnGPy
  2. Comité solidarité allochtones-autochtones de la CEVES d'après des conversations avec des personnes gardiennes du territoire
  3. Comité solidarité allochtones-autochtones de la CEVES d'après des conversations avec des personnes gardiennes du territoire
  4. Comité solidarité allochtones-autochtones de la CEVES d'après des conversations avec des personnes gardiennes du territoire
  5. https://open.spotify.com/episode/5MbvwyNwpgh9x18svrnGPy
  6. https://open.spotify.com/episode/5MbvwyNwpgh9x18svrnGPy