Mythe sur la « décarbonation »

De Le Hub
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Les mines de la « transition énergétique » nous sortiront de la dépendance au pétrole.

La « transition énergétique », telle qu'elle est abordée par les États et les entreprises capitalistes, n'est en rien un plan de substitution des énergies fossiles. Elle débouche plutôt sur une addition énergétique, c'est-à-dire que l'industrie des énergies « vertes » connait une croissance exponentielle, mais pendant ce temps, l'exploitation d'hydrocarbures continue d'augmenter. Ainsi, les sources d'énergie renouvelables ne remplacent pas l'extraction de pétrole, de gaz et de charbon, contrairement à la promesse des élites capitalistes. En fait, ce qu'on observe, c'est que ces énergies s'additionnent et croissent toujours. L'écologie du 99 %

===Les technologies de la « transition » reposent elles-mêmes sur les énergies fossiles===

Comme on peut le constater à la lecture du mythe « La mine zéro carbone existe », les mines qui fournissent les « métaux de la transition » ne peuvent elles-mêmes se passer des hydrocarbures. Plusieurs des opérations minières et des  nécessitent encore d'être alimentées par les énergies fossiles. Loin d'être carboneutre, l'industrie minière est ainsi responsable de 8 % des émissions carbone de la planète (56). Comme l'explique Celia Izoard, la production des métaux et des technologies « de la transition » est indissociable des bons vieux pétrole, gaz et charbon : 

« Car les technologies minières reposent sur les énergies fossiles. Elles fonctionnent en symbiose. 

Détruire les forêts tropicales du Brésil ou de l'Inde pour implanter des mines nécessite de gigantesques engins alimentés au pétrole. Les mines ont besoin de pétrole, de gaz ou de charbon pour fonctionner. Le traitement des concentrés métalliques fait appel aux hydrocarbures issus de la pétrochimie. La nitroglycérine servant à fracasser le sous-sol dans les mines est un dérivé du pétrole. Il faut extraire du charbon pour produire de l'acier. Le géranium des puces électroniques et de la fibre optique est un sous-produit de la production de charbon. Le recyclage de l'aluminium, métal indispensable pour alléger les véhicules électriques (alourdis par leurs batteries), ne peut pas se faire sans gaz. 

Qu'il s'agisse de produire des métaux ou de les recycler, ces industries sont inextricablement dépendantes du gaz, du pétrole et du charbon. » (204-205)

===Les économies capitalistes actuelles sont énergivores : elles prennent tout ce qui est disponible===

Par le passé, cette stratégie discursive trompeuse a même déjà été employée pour légitimer l'expansion d'une autre source d'énergie... le charbon! 

Cette première « transition énergétique » a eu lieu vers la fin du 18e siècle en Angleterre. La source d'énergie alors la plus utilisée était alors le bois. Or, les problèmes de déforestation devenaient de plus en plus évidents et la société civile appelait à se rabattre plutôt sur le charbon de terre pour diminuer la consommation de bois. (202) Le charbon, ayant été découvert depuis le XIe siècle en Chine, était pourtant très peu utilisé, et ce, jusqu'au XVIIIe siècle, à cause des émanations toxiques (dioxyde de souffre, oxyde d'azote, etc.) de sa combustion, qui polluaient et salissaient les alentours. Cela n'a pas empêché les experts et scientifiques de présenter le charbon comme une « énergie verte » dont il fallait « généraliser l'usage » pour protéger « nos forêts dépeuplées » (203). L'Angleterre s'est donc lancée à fond dans l'extraction de charbon.

Comme on peut s'y attendre, au lieu de diminuer la consommation de bois, la développement des techniques minières utilisées entre autres pour extraire le charbon ont augmenté la coupe de bois. En effet, les mines à ciel ouvert nécessitent de raser d'immenses étendues forestières. Mais surtout, les chemins de fer ont d'abord été inventés pour optimiser le transport des minerais dans les mines. L'utilisation des trains s'est rapidement étendue dans le domaine du transport de personnes et de marchandises longue distance. Or, les rails des chemins de fer étant à l'époque construits en bois, la pression sur l'industrie forestière a monté en flèche. Il s'agit donc d'un cercle vicieux où l'exploitation de bois et de charbon se nourrissaient mutuellement. (203-204)

Si on résume : (1) la consommation de bois a causé des déforestations; (2) le charbon a été exploité pour diminuer la consommation de bois; (3) le boom minier du charbon a mené au développement des chemins de fer; (4) la construction de chemins de fer (entre autres pour faire fonctionner les mines de charbon) a fait exploser la consommation de bois

Bref, cette « transition énergétique » du bois au charbon a mené exactement à l'effet inverse de ce qui était promu par les élites de l'époque. Elle a même permis le développement de l'exploitation du fer, laquelle a en retour permis de décupler les capacités d'extraction de charbon (251). Une deuxième « transition énergétique » similaire a été chantée au début du XXe siècle, lorsqu'on promettait de remplacer le charbon par le pétrole et l'électricité. Or, on constate qu'on consomme aujourd'hui plus de charbon qu'au siècle dernier. (204)

Graphique

« L'histoire des transitions s'est révélée être une histoire d'additions. À la lumière de ce cette expérience, il est possible d'anticiper que la production en masse de métaux pour les technologies dites bas carbone ne fera pas baisser la consommation d'énergies fossiles. En tout cas, pas dans une économie inchangée, pas sans une réduction drastique de la production et des niveaux de vie. » (204)