« Prise de décision horizontale (non-hiérarchique) » : différence entre les versions

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Un groupe formé sur l'[[anti-oppression]] pourra collectivement réagir aux inégalités systémiques en intégrant des mécanismes pour les contrer au sein de son groupe. Cela évite de mettre une charge sur les personnes de groupes marginalisés (qui restent au sein des groupes malgré les oppressions vécues) afin qu'elles « éduquent » leurs camarades ou créent des procédures « anti-oppressives » parce qu'« elles sont les mieux placées pour le faire ».
Un groupe formé sur l'[[anti-oppression]] pourra collectivement réagir aux inégalités systémiques en intégrant des mécanismes pour les contrer au sein de son groupe. Cela évite de mettre une charge sur les personnes de groupes marginalisés (qui restent au sein des groupes malgré les oppressions vécues) afin qu'elles « éduquent » leurs camarades ou créent des procédures « anti-oppressives » parce qu'« elles sont les mieux placées pour le faire ».
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Version du 16 mars 2023 à 17:57

Cette page a été créée afin de répondre à des questions de personnes militantes intéressées à prendre des décisions de groupe d'une façon davantage non-hiérarchique.

Hiérarchie

Le dictionnaire Usito définit la hiérarchie comme une « Organisation sociale établissant des rapports de subordination et des degrés gradués de pouvoirs, de situations et de responsabilités.» [1]

Ainsi, une hiérarchie existe notamment quand certains groupes ou individus ont davantage de pouvoir. Plus le pouvoir est centralisé, moins il est distribué, plus il y a de hiérarchie.


Cette page vient répondre à des demandes de groupes qui souhaitenet tendre vers la non-hiérarchie.

Exemple de hiérarchie

Hiérarchie raciale

« Classement des différentes races/groupes ethniques sur la base de caractéristiques physiques et perçues. La hiérarchie raciale n'est pas une opposition binaire entre Blancs et non-Blancs, mais plutôt un système complexe dans lequel les groupes occupent différents échelons du pouvoir politique, économique et culturel. L'idéologie raciste repose sur le maintien des hiérarchies, même au sein des groupes raciaux. » -Race Forward (traduction libre)

Hiérarchie structurelle

Un organigramme d'entreprise avec des boss
Une structure comprennant un comité de direction

Non-hiérarchie (horizontalité)

Selon l'anthropologue et activiste David Graeber, la non-hiérarchie fait référence à l’horizontalité; soit l’absence de division structurelle du pouvoir. Une division structurelle du pouvoir est visible dans l’existence de «boss», «coordination principale», «comité de direction», et de chartes. [2]  


Faire autrement - Des groupes horizontaux trouvent des façons de développer des comportements cohérents sans une conception traditionnelle de «leader».

« Ces groupes ont au moins une division temporaire structurelle du pouvoir par des rôles (facilitation, senti, prise de tours de parole), mais ces rôle n’ont pas pour but d'offrir un plus grand pouvoir d’influence sur le contenu d’une décision - ils servent à guider le processus par lequel la décision est prise. » - David Graeber


Cet article se réfère au fait de tendre vers la non-hiérarchie et non pas de l’accomplir. L’expression «horizontalité» exprime cette réalité.

Non-hiérarchie et décentralisation

La définition de non-hiérarchie résonne avec la définition de décentralisation. La décentralisation décrit les conditions dans lesquelles les actions de nombreuses personnes sont cohérentes sont efficaces malgré le fait qu'elles ne reposent pas sur la réduction du nombre de personnes dont la volonté compte pour mener une action efficace. [3] C'est-à-dire que ces conditions permettent d'inclure la volonté du plus grand nombre de personne.


La décentralisation d'un groupe peut se faire de différentes manières, notamment par l'organisation distribuée.

Organisation horizontale

L’organisation horizontale est une façon de s’organiser dans laquelle le pouvoir est réparti, décentralisé.


Si on décentralise le pouvoir structurel cela « implique nécessairement la centralisation (exprimée par des termes tels que coordination, cohérence, coopération) dans une autre dimension - qu'il s'agisse d'un protocole, d'un ensemble de règles, d'un produit ou d'un objectif collectif. » [4]


En effet, les groupes militants peuvent ne pas avoir de comité central pour les diriger, mais ils vont avoir des protocoles communs de communication et des techniques d'animation partagées.


Centralisation d'éléments malgré la décentralisation structurelle

Protocole

Ordre du jour, rôles

Techniques d'animation Code Véronneau, code Morin, consensus formel, consensus modifié
Ressources
Locaux, argent, matériel de mobilisation
Objectif
Gel des loyers, grève générale, justice climatique
Principes
«Rien à propos de nous, sans nous», anti-oppression
Tâches précises
Comités de travail

Ne pas confondre hiérarchie et leadership

Plusieurs groupes militants vont confondre hiérarchie et leadership. 


Considérations initiales sur la prise de décision et la non-hiérarchie

Un groupe peut se doter d'une hiérarchie structurelle avec le consentement des membres du groupe, comme un comité permanent, un comité directeur, etc. Toute de même, la tendance vers la non-hiérarchie peut être désirée au sein de ces groupes qui ont davantage de pouvoir (comité permanent, comité directeur) plutôt qu'au sein de l'organisation dans son entièreté.


Tout dépend des buts d'un groupe.

Ceux-ci peuvent concorder avec l'utilisation d'une structure davantage horizontale comme ils pourraient être réalisés avec une structure davantage hiérarchique.


Attention aux conséquences différentiées

Des personnes ne sont pas affectées de la même façon par les prises de décisions, de par l'existence des oppressions comme le racisme, sexisme, classisme, capacitisme, ... Ainsi, il importe de penser la prise de décision selon le principe «que chaque personne puisse contribuer à la prise de décision proportionnellement au degré auquel elle sera affectée par la décision».


Voir définition de l'intersectionnalité.


Exemples de décisions de groupes concernant la hiérarchie

Hiérarchie structurelle et intentionnelle

Dans une perspective d'intersectionnalité, on peut vouloir donner davantage de pouvoir décisionnel à un groupe directeur (hiérarchie) composé de membres de groupes ou de communautés vivant plusieurs oppressions. Au sein de ce même groupe, des pratiques de prise de décision horizontale peuvent s'appliquer, bien qu'il y ait une hiérarchie dans le grand groupe. La hiérarchie présente ici est structurelle et intentionnelle.

Horizontalité

Dans un autre groupe, on peut choisir d'utiliser un modèle consensuel (horizontalité) afin de s'assurer que les voix des personnes de groupes minoritaires ou avec des positions divergentes soient incluses dans la prise de décision. Cette situation est plausible pour un groupe ne souhaitant pas fonctionner avec un comité ayant un pouvoir décisionnel plus important.

Prise de décision horizontale

La prise de décision horizontale est liée à des relations interpersonnelles égalitaires par une prise de décision partagée entre les individus d’un même groupe. On prend une décision ensemble et les personnes ont un pouvoir égal dans la prise de décision.


La thèse «InterTwinkles: Online Tools for Non-Hierarchical, Consensus-Oriented Decision Making » établit 4 facteurs influençant la participation de personnes à la prise de décision. La participation et le pouvoir dans la prise de décision sont reliés : plus une personne est en mesure de participer activement à la prise de décision, plus elle a du pouvoir dans celle-ci.


Lorsqu'on souhaite que toutes les personnes puissent participer (et avoir du pouvoir) dans une prise de décision, il faut prendre en compte :


1- L'accessibilité

2- Les règles et protocoles

3- La culture du groupe

4- Les inégalités systémiques / structurelles



L'accessibilité

L'accessibilité concerne l'accès à l'espace (physique et symbolique) où les décisions sont prises.


S'informer sur les besoins des personnes concernées ou faisant partie de la prise de décision.


Pour ce faire, on peut...

  • fournir une adresse courriel pour la réception des besoins (possible de dire que les messages doivent être envoyées X jours avant la réunion afin de permettre à l'équipe d'organisation de mettre en place les nouvelles mesures).
  • expliciter les mesures d'accessibilité mises en place.


Voir Rendre le militantisme plus accessible pour plus d'information.

Les règles et protocoles

Les règles et protocoles sont les codes sociaux liés à la participation aux prises de décision.


Certaines règles et protocoles permettent de pallier les dynamiques de pouvoir présentes dans la société. Pensons aux classes dominantes qui bénéficient d'un pouvoir énorme sur le reste de la société, pouvoir qui n'est pas contrebalancé par le modèle électoral. Ou le pouvoir conféré aux hommes par le biais du patriarcat. Ou le privilège blanc. D'autres règles et protocoles ont comme effet de renforcer les dynamiques de pouvoir de la société. Dans les deux cas, elles influent la participation aux prises de décision.


Les règles et protocoles engendrent parfois des dynamiques de pouvoir non-souhaitées. Les reconnaître permet de mieux y répondre soit en adaptant ses processus décisionnels, soit en les changeant.

Tyrannie de la majorité

Une majorité du groupe appuyant une proposition permet l'adoption de celle-ci sans redevabilité aux autres membres (prise en compte des réserves, non-discrimination, etc.).

Tyrannie de la minorité

Surtout dans le processus décisionnel du consensus, lorsqu'une personne a le pouvoir de bloquer une proposition de par sa seule volonté. Droit de veto.


Voir dans la section sur le consensus comment éviter cette tyrannie de la minorité.

Tyrannie du sans-structure (structurelessness)

Le «sans-structure» limite les capacités de développement d'un groupe. La structure permet à un groupe de s'organiser afin d'atteindre un but.


Un groupe sans-structure n'existe pas.


«Tout groupe de personnes, quelle que soit sa nature, qui se réunit pendant un certain temps dans un but quelconque, se structure inévitablement d'une manière ou d'une autre» - Jo


Le consensus

Notions exclusives

Les notions exclusives comprennent l'attitude et les attentes du groupe envers les personnes membres. Elles vont exclure de la prise de décision les individus qui ne répondent pas à ces attentes.


Un groupe doit être conscient que ces notions exclusives écartent certaines personnes du groupes, de par leur identité et/ou les oppressions qu'elles subissent.

Véganisme

Le souci du bien-être des animaux pourrait être une valeur partagée par les membres suffisamment forte pour qu'ils soient prêts à exclure les personnes qui veulent manger de la viande.


Cette valeur a l'effet capacitiste d'exclure les personnes ayant un régime particulier dans lequel elles doivent consommer de la viande.


D'un autre côté, les notions exclusives peuvent avoir pour effet de cultiver le narratif et résister à la cooptation.

Exemples : être contre toutes les formes de discrimination, cultiver la communication non-violente, ...


Les inégalités structurelles

Les inégalités structurelles sont la façon dont les inégalités systémiques sont reproduites au sein d'un groupe.


Un groupe formé sur l'anti-oppression pourra collectivement réagir aux inégalités systémiques en intégrant des mécanismes pour les contrer au sein de son groupe. Cela évite de mettre une charge sur les personnes de groupes marginalisés (qui restent au sein des groupes malgré les oppressions vécues) afin qu'elles « éduquent » leurs camarades ou créent des procédures « anti-oppressives » parce qu'« elles sont les mieux placées pour le faire ».

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