Mythes sur la mine « écoresponsable »
Les élites capitalistes aiment bien prétendre que la mine d'aujourd'hui aurait été révolutionnée, qu'elle ne serait plus comparable avec les mines de charbon de la première révolution industrielle. Justin Trudeau lui-même a proclamé qu'il serait possible d’envisager des exploitations minières, forestières ou de chasse sur des territoires protégés « si c’est bien fait et responsable ».
Comme nous le verrons dans les prochains paragraphes, l'industrie minière n'est pas et ne pourra jamais être écologique ni responsable.
Les procédés d'exploitation minière ont évolué : leur empreinte environnementale est moins élevée qu'aux siècles précédents
Contrairement aux mythes entretenus par les capitalistes, les procédés industriels d'exploitation des métaux sont globalement les mêmes qu'aux XIXe et XXe siècles : dynamitage des gisement pour extraire la roche, concassage, tri et broyage des roches, traitement et concentration du minerai par des procédés chimiques et raffinage pour en faire des métaux utilisables par les industries. (40-44)
Les nouvelles techniques utilisées en sites miniers sont même encore plus nuisibles pour l'environnement que celles des siècles précédents. Tel que démontré dans le mythe Il y a assez de métaux pour décarboner les économies actuelles, les gisements de métaux sont de moins en moins concentrés : cela signifie que l'on doit extraire de plus en plus de roches, de plus en plus loin et de plus en plus creux, pour obtenir une même quantité d'un certain métal.(41) Pour compenser cette augmentation des volumes de roches brutes extraites, les nouveaux procédés amorcent le traitement des minerais directement sur le terrain, et non en usine. Cela augmente les impacts destructeurs sur les écosystèmes.
Par exemple, depuis les années 1970, la lixiviation - pratique qui consiste à «dissoudre les éléments d'un minerai ou d'un concentré à l'aide d'un solvant (acide sulfurique ou cyanure par exemple)» - se pratique directement sur place, dans des mines d'or, de cuivre ou d'uranium. On disperse alors une substance qui dissout le minerai, afin de récupérer en plus grande concentration l'élément recherché. Les tas de minerais aspergés reposent sur des revêtements, qui sont sujets à des fuites ou des ruptures, alors qu'auparavant, cette étape se déroulait dans des bassins d'usines de traitement, bien mieux isolés des écosystèmes.
Un autre type de ce procédé, la lixiviation in situ, est pratiquée aujourd'hui dans les mines d'uranium. Elle consiste à injecter les solvants (de l'acide sulfurique ou de la soude) directement dans les sous-sols, avant de pomper le mélange concentré. Cela permet de diminuer la quantité de roches extraites, mais diffuse dans les sols et les eaux souterraines des substances hautement toxiques.
Autre exemple : dans les années 1960, on a commencé «à exploiter le charbon en déplaçant tout bonnement les montagnes». Cette technique maintenant répandue, le mountaintop removal, est apparue dans les Appalaches, aux États-Unis. Cette opération consiste à dynamiter les sommets de montagnes pour accéder aux gisements. Les roches de la montage sont alors stockés dans les vallées avoisinantes, ensevelissant du même coup leurs écosystèmes.
Ainsi, l'essentiel des procédés miniers sont les mêmes qu'auparavant. Les nouvelles techniques (lixiviation en surface ou souterraine, déplacement de montagnes), quant-à-elles, sont de plus en plus invasives. Elles visent à compenser les faibles concentrations des gisements et à protéger les profits d'exploitation minière, non pas l'environnement.
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