Construire des coalitions

Le contenu de cette page vient présenter une vision du travail intergroupe permettant d’accomplir un travail d’équipe entre des groupes d’une grande variété.

Cette page a été créée à partir de la formation sur le travail en coalition offert par le HUB. Vous pouvez rester à l’affût de la prochaine formation via nos réseaux sociaux ou nous contacter directement si votre communauté aimerait en recevoir une en écrivant à info@lehub.ca

Au-delà de la coalition traditionnelle

Voic quelques aspects difficiles du travail en coalition traditionnelle (d’après les expériences de membres de la communauté et de la documentation sur les mouvements passés)

• processus lent
• conflit sur les détails
• les groupes avec le plus de ressources dirigents
• lent à s’adapter au contexte changeant
• limite l’innovation
• concentration sur des questions étroites, dissolution qui s’en suit
• nombreux compromis
• renonciation au cadrage propre de chaque groupe
• création de fausses dichotomies : devoir choisir entre différentes options (alors que c’est possible d’en faire plusieurs)
• impossibilité de prendre des décisions sur certains enjeux clés

Ceux-ci sont notamment liés à des pratiques courantes des coalitions traditionnelles soit …

• la recherche du consensus
• le désir que la coalition ait une identité précise
• une conception négative de la diversité d’objectifs, de tactiques et d’horizons de lutte

La coalition agile est un modèle de coalition qui remédie à ces aspects négatifs des coalitions traditionnelles.

Coalition agile

Base d'un travail en coalition agile

La coalition agile est une coalition qui est unie autour d’un énoncé défini et dans laquelle les groupes s’organisent ensemble, partagent certaines ressources et se rassemblent à des moments clés.

Ingrédients de base

-Énoncé d'unité

Un énoncé d’unité permet de délimiter pourquoi on travaille ensemble.

• La nature de l’énoncé d’unité va impacter l’éventail de positions représentées dans votre coalition.
• Plus on est dans la précision, moins on risque de réunir de groupes. Plus on est large, plus on trouve un large éventail de positions.
• En réunissant des groupes qui s’accordent sur une question, l’espace offert par les coalitions agiles peut aussi servir à faire élargir les perspectives sur l’enjeu et d’y faire voir des perspectives intersectionnelles.

		Photo du site Internet de Solidarité sans Frontières
« Action directe pour mettre fin à la crise du VIH» - ACT UP	« Contre le gouvernement des proprios et le projet de loi 31» - FLIP	« Régularisation pour toutes et tous, sans exception » - Migrants Right Network	« Pour la défense de la biodiversité et contre le colonialisme » - Alliance Mamo	« Définancer la police, investir dans les communautés » -Coalition pour le définancement de la police	« Entre la fin du monde et la fin de leur monde, il n'y a pas d'alternative » - Soulèvements de la Terre

-Partage des ressources

Le partage de ressources permet de partager le pouvoir entre différents groupes. Il permet aussi d’amplifier la voix des groupes ayant moins de ressources.

Quelques types de ressources :

• expertise
• argent
• données
• visibilité
• effort de mobilisaiton
• espaces physique
• matériel

Voici des exemples.

Partage de données Base de données publique sur les locations d'AirBnb sur le territoire colonialement connu comme Montréal	Partage d'expertise Création d'une chanson entourant la cession de bail

-Espaces de communication

La mise en contact entre différents groupes permet le partage d’expérience et l’apprentissage des autres ainsi que la création de contacts humains entre individus de différents groupes. Cela a pour effet de favoriser des relations plus fortes et étroites entre les groupes qui sont les plus alignés. Des alliances peuvent en ressortir.

-Organisation structurelle minimale

Une organisation structurelle minimale permet à la coalition de vivre. Cette structure minimale (pour commencer du moins) peut être constitué d’un groupe de travail ou des comités qui vont notamment créer les infrastructures nécessaires à l’organisation collective (par exemple, les espaces de communication).

Ingrédients contre-intuitifs

Ces ingrédients sont liés à des pratiques qui sont moins observées dans les coalitions, qui ne relèvent pas de l'habitude.

-Non-dénonciation publique

• Le fait que de participer dans la coalition ne revient pas à endosser tout.
• La division interne renforce nos opposants ; la classe dominante est unie
• On peut connaître nos désaccords et choisir de s’unir. Notamment pour des raisons stratégiques

-Différents niveaux de participation possibles

• Face aux réalités distinctes des groupes, permettre à des groupes de s'impliquer en fonction de leurs capacités permet l'implication de davantage de groupes, dont ceux avec les moins de ressources.
  

-Pas d'identité publique nécessaire

• Une coalition agile n’a pas à être officialisée ou publicisée, c’est surtout une façon de travailler en équipe.
• Certains groupes peuvent endosser publiquement l’identité de la coalition tandis que d’autres peuvent choisir de ne pas le faire tout en faisant implicitement partie de la coalition. (ex: des bénéficiaires de subventions gouvernementales)

-Respect de la diversité des tactiques et des horizons de lutte

• Le respect permet de rendre la coalition attrayante.
• Différentes tactiques ont différentes fonctions dans la création d’un changement social. Différentes personnes sont confortables et différentes tactiques et discours. Il est stratégique qu'elles puissent coopérer.
  

« Les personnes ne peuvent être que là où elles sont, et essayer de les forcer à être là où elles ne sont pas ne fonctionne pas, et ce qui fonctionne, c'est de permettre aux personnes d'être efficaces là où elles sont. C'est ce qu'est le véritable leadership. Il faut donc cette simultanéité et il faut vivre avec l'inconfort d'être dans une organisation avec des gens qui font des choses que l'on n'aime pas. » - Sarah Schulman, historienne autrice de Let The Record Show sur l'histoire de ACT UP New York.

• Certains groupes ne peuvent pas se permettre d’adopter des postures plus radicales ou d’endosser/participer à des actions plus intenses. Ceux-ci peuvent toutefois refuser de les condamner publiquement.

Voir un exemple d'appel à la solidarité et au refus de dénonciation. Voir la page Écologie des mouvements

Ingrédients culturels

Ces ingrédients supposent que les coalitions agiles qui sont formées ont un objectif rattaché à l’anti-oppression.

-Pratique continue de la collecte et du partage de rétroaction des membres

-Accès aux espaces ainsi qu’écoute des groupes marginalisés et plus impactés

-Développement des liens interpersonnels

• Des personnes peuvent avoir un rôle spécifique d'être des bâtisseuses de point.
  

« Pour travailler ensemble, il est important de respecter les différences. Les personnes qui s'efforcent de "franchir" ces barrières ont un rôle important à jouer. Les personnes qui sont à la fois des personnes actives dans les syndicats et des personnes actives dans les communautés ou les mouvements sociaux peuvent donner aux coalitions la capacité de traduire ces pratiques. » - Amanda Tatersall, autrice de Power in Coalition

-Reconnaissance de l’écologie des mouvements

• Valoriser et connaître les différents rôles au sein des mouvement sociaux, notamment ceux qui sont le moins mis de l'avant afin d'apprécier le travail des groupes autour de nous.
  

Voir la page Écologie des mouvements

Premiers pas

Au delà des coalitions agiles, la diversité du travail intergroupes

Les coalitions agiles se situent sur une échelle de niveau de collaboration entre groupes dans le cadre de campagnes. Cette échelle est avant tout un outil pratique. Elle ne constitue pas une science et est basée sur l'expérience militante.

Truc stratégique :  afin de mieux planifier vos actions, il peut vous être utile devous informer des intentions et des ressources des groupes qui militent pour une même cause, même si vous ne désirez pas travailler ensemble. 

Concertation

Savoir ce que les différents groupes comptent faire et être en mesure de communiquer ses enjeux propres. Ce type de travail intergroupe recquiert le moins d'affinités entre groupes étant donné qu'il se caractérise surtout par la présence d'un dialogue entre groupes sans plus.

Collaboration

Si deux groupes se retrouvent à militer pour une même cause dans un cadre précis, mais qu’ils sont profondément en désaccord sur des enjeux qui leur importent,’il vont peut-être avoir envie d’entrer en conflit.

Or, si un enjeu est important pour notre groupe, on ne va pas l’abandonner face à des groupes avec lesquels on est en désaccord qui militent aussi en faveur de celui-ci. On a une même lutte, et il peut être avantageux de travailler ensemble, bien que de façon restreinte.

Limites : il peut parfois être nécessaire d’établir nos limites, c-à-d les situations dans lesquelles notre groupe refuserait de collaborer avec un autres groupe, même en étant alignés sur un enjeu.

Coalition agile

Voir la page Coalition agile.

Coalition traditionnelle

On met les coalitions traditionnelles au bout de ce spectre, parce qu’elles sont les coalitions moins flexibles.

Alliance

Les alliances constituent un travail d’équipe dans lequel les groupes sont encore plus proches que dans les coalitions traditionnelles. Ils ont une vision commune partagée, ce qui leur permet de travailler ensemble sur le long terme. Si c’est un sujet qui vous intéresse, vous pouvez consulter cette boîte à outil du Movement Strategy Center sur la construction d'alliance.